Exhibition Attention au Feu by Benjamin Grivot
Galerie Interface, Dijon, France
From the outset, we are struck in Benjamin Grivot's proposal by this particularly subtle dosage between presence and absence.
Indeed, if the works had been content to be only surfaces full or forms closed on themselves, they would have spoiled any potential for symbolic evocation and blocked any transport for the spectator.
Here, we are at the heart of what the artist leaves us, and these creations carefully scattered throughout the space are so many fragments of a story to be constructed, where scraps of past events, of a story common to other, more personal moments which made sense to the artist.
If reality as a sometimes deaf and violent manifestation is omnipresent (traces of an accident, echo of a rebellion), it retains this distance inherent to its plastic shaping. It is then in this gap that it gains new momentum and can once again continue to question us.
It is a prosaic daily life, both urban and rural, that confronts us.
The molding techniques reveal here a tractor tire fixed to the wall (1), there some remains of tires as if stranded on the ground, further still a simple paving stone waiting to be thrown away, and even a metal bucket which would have been kept on around its perimeter the bite marks of a tied dog, at the bottom of which still lie a few leaves. Reality rumbles and hovers, softened by sensitive gestures and means always chosen with relevance.
On the wall, a white canvas seems to offer only 'a monochrome side for any opening. However, the presence of three letters NTM (D 921, 2020) barely standing out and iridescent the surface accentuates the pictoriality of the whole and increases it with a delayed protest rustling.
At the entrance, an enormous tire (L'Origine du Monde), (2024), opens the exhibition with a flexible LED ribbon fixed in its cavity flooding the room with an intense, pink light, like a nocturnal sign that one suspects is erotic.
And what can we say about this car hood (Anil, 2022), offered at the end of the corridor, appearing riddled with bullet holes, as if still under the spotlight of projectiles, luminous points which would in fact outline the graceful curve of a sky studded with 'stars.
From the title of his exhibition, Attention au Feu, Benjamin Grivot had nevertheless warned us of an imminent event, of a risk that we would decide to face or not.
The exhibition then becomes a space to be explored with caution. If the danger is not physically present, it is nonetheless suggested by so many signs addressing our minds.
We are reminded of the violent clashes in response to the Yellow Vest movement, and of the regular clashes between young people. and law enforcement.
Faced with this world before which Benjamin Grivot cannot remain indifferent, some strong but structured images are constructed, like so many snapshots which flood the magazines and our screens.
We will retain these impressions on the retina for a long time to come. And when the symbol of the road sign representing a risk of fire is itself molded in polyester resin in small, very discreet formats, it is to slip surreptitiously between the moldings of the bases of the walls. Like a new decorative element which would have always been an integral part of this apartment/gallery.
Attention au Feu, the very material of many works is dangerous and flammable. Setting a fire also evokes the atmosphere of a concert hall where some heroes of the rock scene come to perform, some of whose scents still seem to float in the cellar.
Reality with Benjamin Grivot passes more than ever through the filter of experiments, manipulations, and choice of specific mediums. He knows how to precisely distill the trace.
Pierre-Yves Magerand
1 Unlike other artists such as Clause Levêque (Saturnales, 2018, Palais Garnier, Paris), who have already used the tire as a dynamic and structured form, Benjamin Grivot, gives a completely different approach, notably through the use of polyester resin and fiberglass, whose textures displace the original perception.
Exposition Attention au feu de Benjamin Grivot
Galerie Interface, Dijon, France
D’emblée, nous sommes frappés dans la proposition de Benjamin Grivot par ce dosage particulièrement subtil entre présence et absence.
En effet, si les œuvres s’étaient contentées de n’être que des surfaces pleines ou des formes refermées sur elles-mêmes, elles auraient gâté tout potentiel d’évocation symbolique et bloqué tout transport pour le spectateur.
Ici, nous sommes au cœur de ce que l’artiste nous laisse, et ces réalisations disséminées avec soin dans l’espace sont autant de fragments d’un récit à construire, où viennent s’agréger les bribes d’événements passés, d’une histoire commune à d’autres instants plus personnels qui ont fait sens chez l’artiste.
Si la réalité comme manifestation parfois sourde et violente est omniprésente (traces d’un accident, écho d’une rébellion), elle conserve cette distance inhérente à sa mise en forme plastique. C’est alors dans cet écart qu’elle prend un nouvel élan et qu’elle peut de nouveau continuer de nous interroger.
C’est un quotidien prosaïque, urbain comme rural qui nous fait face.
Les techniques de moulage font surgir ici un pneu de tracteur fixé au mur (1), là quelques restes de pneumatiques comme échoués au sol, plus loin encore un simple pavé en attente d’être jeté, et même un seau métallique qui aurait conservé sur son pourtour les traces de morsure d’un chien attaché, au fond duquel gisent encore quelques feuilles.
Le réel gronde et plane, adouci par des gestes sensibles et des moyens toujours choisis avec pertinence.
Au mur, une toile blanche semble n’offrir qu’un pan monochrome pour toute ouverture. Cependant la présence de 3 lettres NTM (D 921, 2020) se détachant à peine et irisant la surface accentue la picturalité de l’ensemble et l’augmente d’un bruissement contestataire à retardement.
Dès l’entrée, un énorme pneu (L’origine du monde, 2024), ouvre l’exposition sur un ruban souple de led fixé dans sa cavité inondant la pièce d’une lumière intense et rose, à l’image d’une enseigne nocturne que l’on soupçonne érotique.
Et que dire de ce capot de voiture (Anil, 2022), offert en fond de couloir, paraissant criblé d’impacts de balles, comme encore sous les feux des projectiles, points lumineux qui dessineraient en fait la courbe gracile d’un ciel constellé d’étoiles.
Dès le titre de son exposition, attention au feu Benjamin Grivot nous avait pourtant bien prévenu d’un événement imminent, d’un risque que l’on déciderait ou non d’affronter.
L’exposition devient alors un espace à parcourir avec précaution. Si le danger n’est pas physiquement présent, il n’en est pas moins suggéré par autant de signes s’adressant à notre esprit.
Nous reviennent en mémoire les affrontements violents en riposte au mouvement des Gilets jaunes, et aux échauffourées régulières entre jeunes et forces de l’ordre.
Face à ce monde devant lequel Benjamin Grivot ne peut rester indifférent, se construisent quelques images fortes mais tramées, comme autant d’instantanés qui inondent les magazines et nos écrans. Nous conserverons encore longtemps ces impressions sur la rétine.
Et quand le symbole du panneau de signalisation figurant un risque de feu est lui-même moulé en résine de polyester sur de petits formats très discrets, c’est pour se glisser subrepticement entre les moulures des soubassements des murs. Tel un nouvel élément de décor qui aurait toujours fait partie intégrante de cet appartement/galerie.
Attention au feu, la matière même de beaucoup d’œuvres est dangereuse et inflammable. Mettre également le feu, c’est aussi évoquer l’ambiance d’une salle de concert où viennent performer quelques héros de scène rock dont certains effluves semblent encore flotter dans la cave.
La réalité avec Benjamin Grivot passe plus que jamais par le filtre d’expérimentations, de manipulations, de choix de médiums spécifiques. Il sait avec précision en distiller la trace.
Pierre-Yves Magerand
1 A la différents d’autres artistes tels que Clause Levêque (Saturnales, 2018, Palais Garnier, Paris), qui ont déjà utilisé le pneu comme forme dynamique et structurée, Benjamin Grivot, en donne une tout autre approche notammant par le recours à la résine de polyester et à la fibre de verre, dont les textures déplacent la perception originelle.
Exposição Attention au feu de Benjamin Grivot
Galerie Interface, Dijon, France
Desde o início, na proposta de Benjamin Grivot, ficamos impressionados com esta dosagem particularmente subtil entre presença e ausência.
Com efeito, se as obras se contentassem em ser apenas superfícies sólidas ou formas fechadas sobre si mesmas, teriam estragado qualquer potencial de evocação e simbólica. bloqueou qualquer transporte para o espectador.
Aqui estamos no centro daquilo que o artista nos deixa, e estas criações cuidadosamente espalhadas pelo espaço são tantos fragmentos de uma história a construir, onde se encontram restos de acontecimentos passados, de uma história comum a outros momentos mais pessoais que fazia sentido para o artista.
Se a realidade como manifestação por vezes surda e violenta é omnipresente (vestígios de um acidente, eco de uma rebelião), mantém esta distância inerente à sua configuração plástica. É então nesta lacuna que ganha novo impulso e que pode mais uma vez continuar a questionar-nos.
É um quotidiano prosaico, tanto urbano como rural, que nos confronta.
As técnicas de moldagem fazem surgir aqui um pneu de um trator acoplado. à parede (1), há alguns restos de pneus como se estivessem presos no chão, mais ainda uma simples pedra de calçada esperando para ser jogada fora, e até um balde de metal que teria retido em sua borda as marcas de mordida de um cachorro amarrado , no fundo da qual ainda repousam algumas folhas.
A realidade vibra e paira, suavizada por gestos sensíveis e meios sempre escolhidos com relevância.
Na parede, uma tela branca parece oferecer apenas um recorte monocromático para qualquer abertura. No entanto, a presença de três letras NTM (D 921, 2020) mal se destacando e iridescentes na superfície acentua a pictorialidade do conjunto e aumenta-a com um farfalhar de protesto retardado.
Desde a entrada, um enorme pneu (L'Origine du Monde), (2024), abre a exposição sobre uma fita flexível de LED fixada em sua cavidade inundando a sala com uma luz intensa e rosada, como um sinal noturno que suspeitamos ser erótico.
O que dizer desse capô de carro (Anil, 2022), oferecido no final do corredor, aparecendo crivado de buracos de bala, como se ainda estivesse sob as luzes dos projéteis, pontos luminosos que se desenhariam fazem a curva graciosa de um céu cravejado com estrelas.
Desde o título da sua exposição, Attention au feu, Benjamin Grivot tinha-nos, no entanto, alertado para um acontecimento iminente, para um risco que decidiríamos enfrentar ou não.
A exposição torna-se então um espaço a ser explorado com cautela. Se o perigo não estiver fisicamente presente, é, no entanto, sugerido por tantos sinais que se dirigem às nossas mentes.
Lembramo-nos dos confrontos violentos em resposta ao movimento dos Coletes Amarelos e dos confrontos regulares entre os jovens e as autoridades.
Neste mundo diante do qual Benjamin Grivot não pode ficar indiferente, constroem-se algumas imagens fortes mas estruturadas, como tantos instantâneos que inundam as revistas e as nossas telas. Manteremos essas impressões na retina por muito tempo.
E quando o próprio símbolo da sinalização rodoviária que representa risco de incêndio é moldado em resina de poliéster em formatos pequenos e muito discretos, é para deslizar sub-repticiamente entre as molduras de. as bases das paredes. Como um novo elemento decorativo que sempre fez parte integrante deste apartamento/galeria.
Attention au feu, o próprio material de muitas obras é perigoso e inflamável. Atear fogo também evoca a atmosfera de uma sala de concertos onde se apresentam alguns heróis da cena rock, cujos aromas ainda parecem flutuar na adega.
A realidade com Benjamin Grivot passa mais do que nunca pelo filtro dos experimentos, das manipulações e da escolha de meios específicos. Ele sabe como destilar com precisão o traço.
Pierre-Yves Magerand
1 Ao contrário de outros artistas como Clause Levêque (Saturnales, 2018, Palais Garnier, Paris), que já utilizaram o pneu como forma dinâmica e estruturada, Benjamin Grivot apresenta uma abordagem completamente diferente, nomeadamente através da utilização de resina de poliéster e fibra de vidro, cujas texturas deslocam a percepção original.